L’absence de mesures organisationnelles pour délimiter les voies de circulation des engins mobiles engage la responsabilité de l’employeur
Dans cette affaire, une salariée intérimaire mise à la disposition d’une entreprise de conditionnement de légumes, en tant que manutentionnaire trieuse de pommes de terre, s’est retrouvée coincée entre la trémie fixe et un chariot élévateur en marche porteur d’une charge de 900 kg alors qu’elle était occupée à nettoyer le vide palox de la ligne sur laquelle elle travaillait. Suite à cet accident, elle a subi une incapacité de travail de six mois.
Le directeur général de l’entreprise de conditionnement a été cité devant le tribunal correctionnel, pour blessures involontaires et infractions à la réglementation sur l’hygiène et la sécurité au travail, pour avoir omis de prendre des mesures d’organisation afin d’éviter que des travailleurs à pied ne se trouvent dans la zone d’évolution d’un équipement de travail mobile.
Dans les faits, ce qui est reproché au prévenu c’est l’insuffisance des dispositifs mis en place, notamment un plan de circulation matérialisé que par une signalétique aérienne à l’exclusion de marquage au sol, et les contradictions ou imprécisions des consignes de sécurité. De plus, le prévenu avait totalement conscience du danger puisqu’il a précisé avoir personnellement constaté et identifié ce risque dès les premières visites effectuées dans l’usine après son rachat en 2000. Pour couronner le tout, un accident similaire était déjà survenu et le risque de « collision entre chariots » et « collision chariot/personnes » avait été clairement identifié dans le document unique d’évaluation des risques, mais les seules mesures préconisées dans ce document étaient « la formation, le respect du plan de circulation et la sensibilisation des caristes ». Ces mesures ont été jugées insuffisantes pour exonérer le directeur général de ses responsabilités.