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La réduction des coûts de l’absentéisme, levier efficace pour améliorer la santé au travail ?

Posté par: Dans: Actualités 07 nov 2019 0 commentaire

La réduction des coûts de l’absentéisme, levier efficace pour améliorer la santé au travail ?

En attendant leur prochaine réforme (*), les professionnels des services de santé au travail veulent être davantage connus des entreprises. Pour gagner leur confiance, le service aux entreprises pour la santé au travail (SEST) d’Ile-de-France propose par exemple un outil simulant le coût représenté par l’absentéisme des salariés, coût qui peut être réduit en améliorant les conditions de travail. Une sorte de donnant-donnant. Explications.

Se préoccuper de santé au travail est une évidence, on l’espère du moins, pour les représentants du personnel et pour les entreprises. Pourtant, trop peu d’employeurs font appel à nos services pour penser et conduire une politique de prévention efficace, a regretté Hervé Rabec, le directeur général de SEST, le service aux entreprises pour la santé au travail, lors d’une matinée destinée aux entreprises organisée à Paris le mardi 15 octobre. Ce service couvre 110 000 salariés travaillant dans 6 000 entreprises réparties dans une partie de Paris et de l’Ile-de-France (Hauts-de-Seine, Essonne, Val-de-Marne). L’association, dont le siège est à Issy-les-Moulineaux, compte 9 centres médicaux et emploie 25 médecins du travail, 16 infirmières, 16 préventeurs, ergonomes, ingénieurs sécurité, etc.
C’est donc pour « vendre » ses services « trop peu visibles » et « dépoussiérer » leur image que le SEST a présenté ses outils et ses compétences après avoir, dans un premier temps, donné la parole à l’avocate Apolline de Noailly, du cabinet Osborne Clarke. Ne pas agir en matière de préservation de la santé physique et mentale des salariés, a averti ce conseil des employeurs en citant l’exemple du stress et des risques psychosociaux (RPS), c’est s’exposer à du contentieux aux prud’hommes, mais aussi à un risque pénal. Sur ce point, la jurisprudence qui suivra le jugement dans l’affaire France Telecom, attendu le 20 décembre prochain (dans tous les cas, il y a aura appel et sans doute pourvoir en cassation), dira si des dirigeants peuvent être condamnés non pour avoir harcelé directement des salariés mais pour avoir pris des décisions managériales et de réorganisation à l’origine du stress et des suicides, comme l’a plaidé la défense des salariés et des syndicats de l’entreprise et comme l’a requis le parquet.
Trois conseils donnés aux DRH
Mais le préjudice d’image est déjà bien réel, avertit l’avocate, qui rappelle également que l’employeur a l’obligation de prendre des mesures préventives pour assurer la santé mentale et physique de ses salariés. La Cour de cassation considère d’ailleurs, depuis 2015, qu’il n’y avait pas lieu de condamner un employeur qui démontre avoir pris toutes mesures de prévention pour ses salariés. « C’est dire si le législateur et la Cour de cassation vous invitent, DRH et PME, à parler prévention », insiste l’avocate. Et celle-ci de suggérer aux DRH d’avancer trois arguments pour convaincre les directions « de transformer un vocabulaire RH en réalité concrète » :
  1. « Convaincre les décisionnaires que le sujet a de l’intérêt pour eux en tant qu’employeur, car la prévention réduit les coûts liés à l’absentéisme (alors qu’un tiers des absences est dû aux RPS), au turn over, et que cette politique favorise aussi l’ambiance de travail et donc les candidatures;
  2. « Prendre des mesures concrètes et durables en impliquant les représentants du personnel » dans la démarche de prévention : groupes de réflexion sur le sujet, négociation d’un accord sur la qualité de vie au travail, groupes de suivi. « Et n’oubliez pas de former les managers au management, et donc à la détection des situations de souffrance au travail », complète l’avocate;
  3. « Communiquez sur ce que vous faites, en interne et en externe ».
L’outil de l’absimètre ou la politique du donnant-donnant
Sur le premier point, le SEST propose aux entreprises un outil simulant le coût de l’absentéisme de leurs salariés : « l’absimètre ». Il permet à l’entreprise de visualiser les tranches d’âges les plus touchées par l’absentéisme et la catégorie d’arrêt la plus représentée. L’employeur peut comparer son taux d’absentéisme à la moyenne du secteur et ensuite évaluer ses possibilités d’amélioration et donc d’économies. « Pour une entreprise de 9 500 salariés, nous avons estimé à 25 millions d’euros le coût de l’absentéisme », rapporte Hervé Rabec, le directeur du SEST, qui entend, avec cet outil pédagogique, montrer aux employeurs qu’il tient compte des réalités économiques.
L’outil ne délivre toutefois pas de solution clés en mains, c’est une incitation à…rencontrer les équipes pluridisciplinaires de santé au travail pour élaborer diagnostic et méthodes d’action pour réduire les absences. Le SEST souhaite en effet contractualiser avec les entreprises. « Par exemple, nous proposons à une grande entreprise qui paie 90€ par an et par salarié son adhésion aux services de santé au travail de diminuer sa cotisation à 70€. Nous nous fixons ensemble un objectif de réduction de l’absentéisme en travaillant sur ses causes, l’entreprise devant aussi s’impliquer. Si nous atteignons l’objectif fixé, l’entreprise nous versera en plus 40€ de cotisation, si nous n’atteignons que la moitié de l’objectif, 20€ et 0€ si nous échouons », nous explique Hervé Rabec.
Des exemples d’intervention dans les entreprises
En quoi consiste l’apport du SEST ? En pratique, les spécialistes analysent les situations de travail dans l’entreprise et proposent des améliorations. La médecin du travail Laurence Brun et l’ergonome Anne Gouyer m’Bengue ont ainsi raconté avoir suggéré à l’entreprise Microport, à Clamart, de modifier dans la partie production plusieurs postes de travail qui entraînaient des contraintes physiques pour l’opérateur à l’épaule, le plan de déplacement devant aussi être revu. L’inconfort engendré par un passage trop exigu avait fini par poser problème à l’employeur dans la mesure où les salariés ne souhaitaient pas travailler sur ce poste, qui connaissait un turn over très important. Dans ce cas, notent les deux femmes, le CSE n’a pas été associé à la démarche, « mais le médecin du travail peut présenter le résultat des études ergonomiques et les conséquences du changement dans son bilan annuel au comité ».
Pour le siège social de la société Parexgroup (fabrication de mortier et béton), une infirmière, Anne Debuck, et un ergonome, Jean-Mickaël Dupuy, ont animé des ateliers « dos et travail » pour initier de petits groupes de 12 personnes aux bonnes postures au bureau, les salariés volontaires pouvant aussi s’exercer à dix minutes « d’étirements doux » pour un début de renforcement musculaire. « Ensuite, nous proposions d’aller voir les salariés sur leur poste de travail, avec de les aider à régler leur siège et leur position de travail’, explique l’ergonome. L’an dernier 326 salariés de 15 entreprises différentes ont ainsi bénéficié de cette action.
(*) Le gouvernement avait adressé aux partenaires sociaux une invitation à négocier. Cet été, les organisations syndicales ont jugé cette mission impossible au bout de 4 mois de discussion : « L’inflexibilité patronale sur la question du financement des services de santé inter-entreprises a d’emblée fermé toute possibilité de construction d’un texte commun ». Les syndicats ont donc publié en juillet dernier leurs propres propositions (meilleure prise en charge des publics vulnérables, repérage précoce des situations de désinsertion professionnelle, renforcement des échanges entre le médecin du travail, les travailleurs et les représentants du personnel etc.). Le projet de loi en tiendra-t-il compte ? Il pourrait surtout suivre les préconisations du rapport Lecocq publié il y a un an. Un rapport souvent critiqué par les praticiens qui craignent « une nationalisation » de leurs services ou un éloignement des équipes avec le terrain et par des experts qui redoutent la fin du document unique d’évaluation des risques (DUER). Le Sénat a également formulé ses propres propositions de réforme.
Source : Éditions Législatives
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