Réforme de la santé au travail : le Sénat refuse le « big bang » proposé par Charlotte Lecocq
Les sénateurs Pascale Gruny et Stéphane Artano partagent le constat décrit dans le rapport Lecocq – rendu il y a maintenant plus d’un an. Ils ne sont en revanche pas du tout d’accord sur le scénario de réforme proposé, notamment en matière de gouvernance. Ils préconisent, eux, de garder les services de santé au travail interentreprises, mais de les certifier.
Les deux rapporteurs pensent à « accorder une ristourne sur le taux de cotisation AT-MP aux entreprises ayant permis la formation d’au moins 50 % de leur effectif à la prévention et à la gestion des RPS […] ». Cela existe déjà, mais pas spécifiquement pour les risques psychosociaux. Hormis cette proposition d’abattement, ils sont plutôt défavorables aux incitations financières, contrairement à la Cour des comptes par exemple, qui voit dans la cotisation AT-MP un levier pour inciter les entreprises à faire davantage de prévention, et préconise que le taux soit moins mutualisé pour les petites entreprises. « Ce n’est pas une question de cotisation, mais de responsabilité et de pédagogie« , répond simplement Pascale Gruny.
Côté argent toujours, les sénateurs proposent d’assouplir les conditions d’attribution des AFS (aides financières simplifiées) pour des investissements en faveur de la prévention, en supprimant l’obligation de co-financement, en ouvrant la possibilité d’une prise en charge totale. Leur argument est que cela permettrait de toucher les TPE ne disposant pas de la trésorerie nécessaire. Actuellement, le co-financement permet de s’assurer d’un engagement de l’entreprise, et doit éviter que les deniers publics ne servent à acheter du matériel qui ne servirait pas.